Quand on débarque au Brésil pour la première fois, on ne s’attend pas forcément à voir beaucoup de Japonais. Peut-être quelques groupes de touristes tout au plus. Cependant, après quelques jours sur place, en particulier dans la région de São Paulo, force est de constater que les Japonais sont présents en masse. Et comble de notre surprise, ces derniers parlent Portugais ! Et ben oui pardi, puisqu’ils sont Brésiliens !

En effet, le Brésil compte environ 1,5 millions de personnes d’origine japonaise dont pas moins de 500.000 rien que dans le grand São Paulo, ce qui en fait la première communauté japonaise en dehors des frontières du pays du soleil levant. On s’en rend compte d’ailleurs rapidement en regardant autour de soi mais aussi au travers des milliers de restaurants japonais que compte la capitale économique du Brésil (dont certains valent le détour mais on sort un peu du sujet…).

Bon tout ça, c’est bien joli, mais d’où sortent-ils tous ces Japonais au Brésil ?

La fin de l’esclavage et la transformation du Japon

A la fin du 19ème siècle, le Brésil, manquant de main d’œuvre suite à l’abolition de l’esclavage, se tourne vers l’extérieur en favorisant l’immigration. De son côté, le Japon est en pleine transition politique et économique avec la Restauration de Meiji qui va faire basculer définitivement le pays dans le monde moderne. Cette transition se fait parfois dans la douleur et le pays engage alors une politique d’émigration afin de soulager les tensions sociales engendrées par les énormes changements qui secouent le pays. C’est ainsi que le 18 juin 1908, 791 fermiers venus d’Okinawa débarquent du Kasato Maru dans le port de Santos pour venir travailler dans les plantations de café proches de São Paulo.

Le Kasato Maru dans le port de Santos en 1908

La première guerre mondiale et l’Immigration Act aux États-Unis

Pendant quelques années, l’immigration japonaise restera modeste et ce n’est qu’avec la fin de la première guerre mondiale que celle-ci commencera vraiment à décoller. Entre 1917 et 1940, on estime à 164.000 le nombre de Japonais venus s’installer au Brésil. En particulier, une décision politique américaine va avoir une influence extrêmement importante sur l’immigration japonaise au Brésil. En 1924, l’Immigration Act mis en place aux États-Unis pour « préserver l’homogénéité de l’idéal américain » interdit l’immigration japonaise. Les États-Unis étant la destination privilégiée des émigrants japonais à cette époque, ceux-là se rabattent massivement sur le Brésil.

Les Japonais au Brésil aujourd’hui

L’histoire de l’immigration des Japonais au Brésil n’a pas été un long fleuve tranquille. Entre la méfiance des Brésiliens et le communautarisme des immigrants Japonais, l’assimilation de ces nouveaux arrivants fut longue à se dessiner. La langue et les différences culturelles ont été des obstacles majeurs à cette intégration. Toutefois, les choses se sont nettement améliorées avec la troisième génération de nipo-brasileiros. Les unions entre Brésiliens d’origine japonaise et le reste de la population, autrefois très rares, sont de plus en plus nombreuses et contribuent au formidable melting-pot que constitue le Brésil.

>> Le quartier de Liberdade à São Paulo

Une petite part du Japon au cœur de São Paulo, voilà ce qu’est le quartier de Liberdade. A l’instar de Chinatown pour les Chinois à New York, les Japonais ont historiquement élu domicile dans ce quartier central de São Paulo. Restaurants japonais, magasins typiques, lampions dans les rues et inscriptions en Japonais, une petite balade dans ce quartier vous fera voyager… d’un coup de métro. Autrefois quasi-exclusivement japonais, le quartier de Liberdade compte aujourd’hui aussi beaucoup de personnes d’origines chinoise et coréenne.

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